La Parole à un V.M. "de base" .... ça rafraîchit !!!
Vous savez que les blogs Myosotis ne peuvent "mettre en ligne" toutes les contributions des Blogueurs:
Certaines sont "impubliables" car trop violentes ou aggressives, ou contiennent des affirmations non vérifiables qui pourraient valoir des ennuis à leur auteur ... et au modérateur qui les diffuserait.
D'autres précisent "A ne pas publier", car il s'agit d'une "info" destinée au seul modérateur !
D'autres enfin sont "beaucoup trop longues" et ne sont plus du ressort du "Commentaire", mais de la "Lettre " ou parfois même de "la Planche" ! Ce qui ne vaut pas dire qu'elles soient sans intérêt, notamment parce qu'elles reflètent l'opinion de Frères sincères qui ont aussi besoin de "s'exprimer".
Profitons donc de ce w-e de "pause" dans l'actualité pour donner la Parole à un correspondant (V.M.) qui nous a adressé il y a quelques jours son "vécu" de la crise et sa "vision" très raisonnable et fraternelle de l'Avenir de la FM Régulière !
Le texte est long, mais mérite qu'on s'y penche ...
LETTRE OUVERTE D’UN VENERABLE MAITRE
DE LA GLNF PARMI TANT D’AUTRES…
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A.L.G.D.G.A.D.LU.
Les Vénérables Maîtres auront eu une année compliquée, préoccupés avant tout
à protéger leurs ateliers, ils sont restés le plus souvent silencieux pour le bien de tous.
Etant l’un d’entre eux, je souhaitais partager, sans polémique, ces quelques mots.
Mes BAF,
Y a-t-il un endroit où le « Cœur à ses raisons que la raison ne connaît point » ? Oui, et ce pourrait être en Franc-maçonnerie.
Par cette citation, Blaise Pascal signait "Pensées" (IV, 277) et s’adressant à Dieu, il s’adressait à tous les Hommes. En quelque sorte, il faisait la démonstration de l’immatérialité des choses, où les hommes n’existent que par leur seule volonté de célébrer un sentiment. C’est l’approche même du Sacré, ou le règne de l’intangible fait l’essentiel de ce que nous sommes, parce que nous le voulons, parce que nous y croyons.
C’est en ce sens que la Franc-maçonnerie n’étant rien… elle est tout !
Symbolique du Verbe, reposant essentiellement sur l’oralité, en faisant d’elle son principal mode de transmission entre les hommes avec des us et coutumes, la Franc-Maçonnerie a traversé le temps, le tout porté par des rites, des secrets et des serments.
Mais son moteur essentiel, c’est le Cœur des Hommes ayant le ferme désir d’être Amour, ou plus prosaïquement, la capacité pour chacun d’entre nous à se voir dans le regard de l’Autre. Là seulement, la Franc-Maçonnerie étant à sa véritable source, prend tout son sens.
Que celle-ci, au fil de l’histoire, ait vu des textes l’encadrer pour mieux l’affirmer, des rites apparaître, se modifier et s’ajouter, ou des hommes déclarer devoir en déterminer des chefs, pour consolider l’espérance de sa pérennité, sont à l’évidence autant de nécessités. Mais la Franc-maçonnerie n’est pas ici ou ne saurait être réduite à cela.
C’est avant tout pour ces raisons qu’en Franc-Maçonnerie, s’arquebouter dans des procédures juridiques, est par définition une posture hors sujet, une aberration. Bref, un non sens, pire, d’une totale absurdité.
La conscience de l’essentiel…
Que Monsieur STIFANI fut incapable, ayant ramené en moins de 18 mois notre GLNF à un état de déliquescence avancé, n’est pas le plus important. C’est son inaptitude à n’avoir su se regarder lui-même dans cette triste aventure où il nous a mené, sans avoir conçu un seul moment que la seule décision qui s’imposait, était son retrait. S’être laissé porter à ce point par l’ego demeurera l’illustration caricaturale d’un échec dramatique, mais avant tout celui de sa propre personne.
A contrario, dans ces circonstances, il n’est cependant ni naïf, ni incongru d’affirmer qu’un Maçon digne de ce nom aurait sans doute simplement déclaré :
« Mes Frères, ayant eu le sentiment d’avoir justement œuvré pour vous, pardonnez mon incompréhension. Mais au delà du constat de désordre que provoque mon action, c’est l’éloignement insupportable qu’elle me confère jour après jour, de vous. Aussi, ne me voyant plus dans vos yeux, je me rends ainsi à l’évidence que tenir ma charge devient alors un non sens et décide donc, pour le bien de Tous les Frères et de l’Ordre, de me retirer ».
N’ayant eu la Lumière nécessaire pour agir de la sorte et la seule qui vaille, il prouve dès lors qu’il n’avait envisagé sa mission que sous l’angle profane. Mais qui, aura perdu le plus ? Peu importe, l’après STIFANI est là, à nous de façonner le destin de nos idéaux.
Une crise est toujours une opportunité…dit-on.
…Mais sans doute aurions-nous Tous, largement préféré en faire l’économie.
Permettez au Vénérable Maître que je suis, de penser au désarroi de tous ces Frères attristés par tant de déchirures et qui ont, au mieux, pris du recul par rapport à leur atelier.
Peut-il y avoir quelconque avantage à une telle situation, faite de meurtrissures, déstabilisation, doutes sur tout et sur nous-mêmes ou la valeur de notre engagement ?
A ce prix, certainement pas.
Je souhaite porter toute la considération qu’il se doit, à tous mes Frères VM, qui, concentrés à protéger leur ateliers dans un environnement délétère, ont souvent sacrifié leur propre bonheur de vivre une si belle charge.
Et puisque de toute situation nous devons retenir une leçon, rappelons-nous que la Franc-Maçonnerie est constituée d’hommes et que ces derniers, dont nous sommes tous, sont des êtres perfectibles. A nous de démontrer notre capacité au pardon…sans oublier.
Retenir la leçon avant tout…
A l’avenir, la confiance dans les responsables de l’Ordre ne doit donc plus être aveugle et méritera l’attention de chaque frère. Adhérent d’une des plus belles associations qui soit, chaque Frère saura désormais resté vigilant, et ne pas réduire sa vision à ce qui lui convient le mieux : sa Loge.
Durant cette période, nous aurons été soumis et éprouvés à la réalité de notre engagement : Maîtrise de nos passions, fidélité, fraternité… Quant à notre conviction, est-elle intacte ? Mais doit-elle se mesurer aux aléas de l’obédience ?
Autant de questions qui éprouvent mais font avancer les maçons que nous voulons être. Retenons que le chemin est long pour progresser et conservons l’humilité en nous disant : qu’aurions-nous fait nous-mêmes dans de mêmes circonstances ?
Pensons que ces quelques interrogations pouvant permettre d’accéder à la compassion, nous rapprochent et nous amènent à accepter ces Frères qui se sont parfois, eux-mêmes perdus.
Il nous appartiendra, au terme de cette difficile période, de tirer les enseignements personnels de l’épreuve subit pour faire grandir les vertus de la Franc-Maçonnerie dans lesquelles nous croyons et que nous portons… renforçant ainsi notre conviction.
Un espoir…une refonte…
Le chantier est donc ouvert pour réformer ce qu’à l’évidence, cette crise majeure aura mis en lumière. Réunissons-nous et apportons sereinement nos réflexions pour parfaire ce que l’Ordre nous a transmit. Gardons à l’idée qu’il n’est pas besoin obligatoirement de révolution lorsqu’on admet qu’un système fonctionnant pour 15 000 Frères peut se révéler en partie, inadapté lorsqu’il atteint 45 000 Frères.
Beaucoup de questions et de sujets mériteront d’être évoqués et réformés. Il n’est pas question d’en faire ici une liste exhaustive, permettez-moi d’évoquer en vrac :
1/ Une remise à plat le plus rapidement possible des Statuts de la GLNF, avec comme premier objectif de sortir de ce type de schéma ubuesque concentrant les pouvoirs administratifs et spirituels sur la même personne. Corrélativement, de lui préférer tous statuts empêchant définitivement de connaître à nouveau une telle situation, et respectant distinctement les questions civiles de celles, relevant de l’aspect spirituel.
2/ La responsabilisation de chaque adhérent de l’association.
Chaque adhérent se sent d’abord « Frère » et cela est bien normal car c’est pour cette raison qu’il à rejoint l’association. Pour autant, il doit se sentir plus concerné par la partie « civile » que représente celle-ci. A force de s’en éloigner et de se complaire dans une « béatitude spirituelle », voilà les conséquences directes que nous venons de vivre.
Participer à la construction d’un Edifice dont chacun est une pierre, doit pouvoir s’envisager dans toute sa perspective. Chaque Frère, soucieux aussi de son rôle d’adhérent, ne se réveillera fortuitement, un beau matin, avec une sorte de « gueule de bois ».
Afin de responsabiliser cette fonction, il conviendra de prendre toutes dispositions favorisant une meilleure implication des frères. Entre autres, en décidant statutairement des procédures de votes à bulletin secret lors des AG, évitant ainsi tout simulacre digne de républiques bananières…
3/ Afin de revenir à ce qui est le centre de notre préoccupation, mettre en place toutes dispositions favorisant l’épanouissement de la sphère spirituelle, de l’harmonie et de la Fraternité. Par exemple dans les Loges, pratiquer les travaux « administratifs » (lecture des Ordonnances, courriers administratifs, réunions organisationnelles, etc..) avant d’ouvrir les travaux du Rite.
4/ Mettre au centre de TOUS LES DEBATS, les Vénérables Maîtres…puisqu’ils sont les seuls Chefs de l’Ordre, dit-on. Pas seulement dans des réunions ou commissions, mais par exemple, en leur donnant voix concernant les nominations d’Officiers Provinciaux. Cette collégialité de décision rendant plus naturelle et meilleure, la collaboration nécessaire de ces derniers avec les Loges.
5/ Définir un rôle plus important aux Ex-Vénérables qui ont beaucoup à apporter…à tous les niveaux de l’édifice. Solliciter leur regard est le plus sur moyen de les garder impliqués dans la vie des ateliers et de bénéficier de leur expérience.
6/ Revenir à des obligations strictes du respect de la confidentialité de chaque Frère. Ceci n’est absolument plus garanti, pire, certaines Provinces arrivent même à inviter des profanes (car, faut-il le rappeler, un candidat qui n’a pas été initié, n’est pas un Frère), à des diners de gala d’investiture de Grand Maîtres Provinciaux, c’est dire !
7/ Point essentiel : mettre la Spiritualité au cœur de nos objectifs
Par une meilleure formation de ceux qui sont chargés de transmettre, c’est à dire tous les Frères. Travaillant à des thèmes annuels partagés dans les Provinces afin que chaque frère se sente imprégné de valeurs communes dans la réflexion. L’intérêt étant de partir d’un point commun afin d’aboutir à des conclusions personnelles différentes, multiples où le partage enrichi tous les Frères.
Enfin, concourir à un meilleur encadrement des 3 premiers grades, par exemple, en impliquant plus avant, les maîtres (en premier lieu, ceux qui ne tiennent pas de poste) afin qu’ils participent plus à la vie de la Loge en faisant bénéficier celle-ci de leur expérience.
8/ Redéfinir collectivement ce que doit être l’influence de la GLNF.
Concernant la partie « périphérique » de l’obédience : ses objectifs socio-économiques, son influence, son périmètre politique, etc. Ce sujet peut surprendre des Frères emprunts de Spiritualité mais cette question de l’influence de notre démarche sur le monde profane (enfin, lorsqu’on est vraiment un modèle d’exemplarité…) est un fait. Elle mérite donc une attention particulière.
Pour autant, si celle-ci, se mesure souvent au nombre d’adhérents, on ne devra pourtant rien céder à cet argument… pour ne plus jamais exiger des courbes de croissance d’effectifs à chaque Province comme des objectifs commerciaux !!!
Il conviendra donc de redéfinir les limites de cette influence et de la façon de l’exercer.
Influence peut-être, mais pas n’importe quelle influence…
Accepter ce fait nous oblige à en contrôler les effets. Peut-être en remettant en cause notre développement inflationniste en Centre-Afrique. Dont on peut douter du strict respect des règles de fraternité, lorsqu’on sait le pédigrée de certains Frères quand ils ne sont pas de plus, Grands Maîtres! Redéfinir des axes en phase avec ce que nous sommes. Renforcer nos orientations humanistes, et les principes de fraternité internationale en privilégiant les vertus de la spiritualité.
Il doit en être de même dans nos relations avec les plus hautes instances de notre Pays, dont nous devons débattre collectivement les périmètres.
9/ Quant à la structure générale de notre Obédience
La structure globale de la GNLF est globalement bonne et saine. Hormis les quelques, mais essentielles dispositions statutaires à revoir concernant certains points, notamment la gouvernance et séparation des genres (ou encadrement) entre pouvoir « civil / administratif / juridique » (la Présidence de l’association) et le pouvoir « Spirituel » (portée - plus que représentée - par le Grand Maître), l’idée d’aller vers un projet de « fédération » me semble peu à propos.
Sachons retenir de cette période dramatique et malgré le séisme engendré par l’incapacité de quelques uns, que nous avons pu vérifier l’efficacité de notre structure, en constatant le fonctionnement ininterrompu de la grande majorité des ateliers.
Vous m’aurez pardonné certaines pistes déjà largement évoquées par la plupart, mais les réaffirmer à certains moments, ne semble pas totalement dénué d’intérêt.
Quand aux inévitables revanchards (dont certains ne furent pourtant pas des exemples en leur temps, notamment en évoquant l’importance relative de l’avis des Frères en général ou en impliquant des Frères Apprentis en particulier, dans de tristes histoires plutôt que de les en protéger…), les ambitieux, et pire, les « bénis oui-oui » zélés, continuons à ignorer leur présence si tristement naturelle parmi les hommes, fussent-ils Francs-Maçons.
Espérant seulement pour ma part, modeste Vénérable Maître, que l’Ordre et donc tous mes Frères, soit rapidement gratifié d’un DIGNE représentant.
En attendant, gardons notre regard tourné vers ceux qui arrivent, frappant à notre porte, les yeux pleins d’étoiles. A nous de leur transmettre l’envie de n’en conserver qu’une mais la plus belle d’entre elles et de les remercier de voir ce que, grâce à eux, Tenue après Tenue, nous devenons.
Merci de votre attention
Un Vénérable Maître de la GLNF (Province Midi-Pyrénées)
Ps : Toutes mes pensées et soutien allant à cet instant, à mon Frère Michel B...
Merci, mon Frère, pour ces propos pleins de Sagesse et de Fraternité!
Sirius Black